Le règne de Moulay al Hassan ou Hassan Ier (1873-1894)
Moulay al Hassan, ayant exercé du vivant de son père, Mohammed IV, la fonction de khalifa du sultan dans le Sud, est désigné comme son successeur. Ce sera l’un des plus grands souverains que le Maroc ait connu, jouissant d’un grand prestige que lui conféraient sa piété et sa pondération. Cependant, son accession au trône fut marquée par des révoltes provoquées par de profonds troubles, antérieurs à son règne, vécus par la société marocaine. A Fès, les tanneurs refusaient de lui prêter serment et dans la région de Meknès, des tribus se soulevaient. Hassan Ier ne tarda pas à réprimer ces révoltes et à pacifier le Moyen-Atlas.
L’ampleur de son œuvre et ses idées novatrices dans tous les domaines firent de ce sultan alaouite un grand souverain. Malgré le contexte politique en Afrique du Nord défavorable au Maroc, il parvint à maintenir la paix et à sauvegarder son indépendance grâce à son habileté, à son courage et à sa clairvoyance. Afin de moderniser le Maroc et mieux exploiter ses ressources, Hassan Ier innova dans différents domaines tels l’envoi d’étudiants à l’étranger et l’organisation du makhzen. L’industrie et l’agriculture furent encouragées afin de réduire les besoins en importation. De grands travaux d'aménagement des ports furent réalisés.
Chemins de fer et ponts furent également prévus à l’intérieur du pays, donnant lieu à une concurrence effrénée de la part des industriels européens. Quant aux services postaux et au télégraphe, ils furent partagés entre les Anglais et les Français. Les richesses du sous-sol commencèrent à être exploitées : charbon aux environs de Tanger, plomb et cuivre dans le Souss, antimoine près de Ceuta, fer dans le Djebel Hadid.
Malgré tous ses efforts, son œuvre de développement fut incomprise et à la fin du siècle les problèmes financiers étaient tels que les emprunts devinrent inévitables et ruineux. Tout en sachant que l’Europe avait déjà gagné, Hassan Ier avait réussi pendant son règne à maintenir une paix relative. Mais le pays restait soumis.
Malgré l’impérialisme grandissant des puissances européennes et les révoltes internes que Moulay al Hassan eut à affronter, l’œuvre architecturale ne fut pas pour autant négligée. Parmi les nombreux édifices érigés pendant son règne on compte pour la ville de Marrakech, Bab Chkirou (1873-1874); pour la ville de Salé, les riches demeures de notables Dar Sbihi et Dar Aouad; pour la ville de Meknès, la demeure du ministre du sultan Dar Abdallah Jamai (actuellement musée), et celle du caïd Mechouar Dar bel Allam; pour la ville de Fès, la mosquée Sidi Ahmed ben Yahya agrandie et transformée en grande mosquée en 1882-1883, le palais Dar al Bayda dont une partie, construite en 1890, est l’œuvre de Hassan Ier, le palais estival du sultan Dar Batha, achevé en 1897 sous Moulay Abd al-Aziz et la fabrique d’armes ou Makina (arsenal), construit en 1885 à Fès Jdid.